Le Chant du pilon

Texte inédit © Véronique Isenmann, octobre 2022.

Ce texte a été écrit à l’occasion du concours de la Nouvelle Georges Sand 2022 sur le thème « Le manuscrit oublié »
pour lequel Maryse Grari, amie et complice en écriture de Véronique Isenmann, a obtenu le Prix « Nouvelle sans frontières » / prix CBS Conseils sous le pseudonyme Marianne Cardy. « Le Chant du pilon » a, quant à lui retenu toute l’attention du jury, qui a regretté de ne pas pouvoir lui attribuer un prix, le formalisme de ce devrait être une nouvelle n’étant pas précisément respecté. Ce qui est une spécificité de notre auteure, amoureuse des limites et frontières à passer, repasser, dépasser, non pas par révolte ou provocation, mais pour enjamber les différences qui séparent et faire des diversités des ponts.

Tous droits de reproduction réservés. Ecrire à l’auteure

Rahila ne revenait pas souvent dans cette brousse sahélique du nord-ouest de Dogondoutchi. Le voyage, long, coûteux et périlleux, ramenait vers une vie qui désormais appartenait au passé et n’avait rien de séduisant. Mais il avait bien fallu rentrer au village pour le mariage de son frère.

Non pas que la vie à Niamey fût mirifique. Aucun transport n’arrivait à son quartier. Il lui fallait, avec ses compagnes et quelques amis qui s’étaient improvisés leurs gardes du corps, affronter chaque matin, avant l’aube, un périple semé de dangers multiples. Plus de cinq kilomètres à pied, sur des latérites en mauvais état, avant de rejoindre le goudron puis le bus. Le plus souvent dans un silence lourd de fatigue ; dans l’obscurité, par manque d’éclairage public; au milieu des cloaques grouillants de larves de moustiques, par manque de canalisations; sous la menace de bandits à l’affût de proies faciles, par manque de sécurité.

Le retour était, en dépit des heures interminables passées à étudier le ventre creux, plus aérien, porté par le flux d’une population aux nuances infinies de teintes chatoyantes éclaboussées de soleil ou maculées par les joutes du jour. Les conversations allaient bon train entre les camarades. Alimentées par la perspective de faire migrer l’Université sur le Plateau de Yawaré pour lui donner la visibilité et le renom de celle d’Alexandrie. Nourries par les promesses d’un avenir numérique grandiose, déjà mises en chantier avec le déguerpissement des échoppes près des bâtiments administratifs et la création d’un espace connecté public au coeur de la capitale. Participer de cet élan de faire de Niamey l’une des villes intelligentes d’Afrique engendrait un frémissement qui les emportait.

Nonobstant les conditions de sa vie d’étudiante à la capitale, Rahila remerciait le ciel tous les jours. Malgré la douleur de l’arrachement à la brousse au moment où sa mère l’avait placée à ses dix ans comme servante chez sa cousine Fatime.

Alors qu’à peine pubère cette dernière allait être mariée, elle avait été adoptée par Momo, un vieil homme sage qui avait roulé sa bosse jusqu’en Egypte, et qui estimait que les filles devaient être éduquées. Il l’avait chérie comme sa propre enfant, avait payé ses études de sage-femme, et l’avait encouragée à ouvrir son cabinet de santé à Dogondoutchi.

En attendant l’époux qu’on leur donnerait, toutes les petites filles allaient chez leurs parentes aisées comme boyesses. Fatime, elle, avait honoré la mémoire du Vieux en envoyant à son tour Rahila à l’école, puis au collège. Certes la petite n’échappait pas aux corvées domestiques, levée à l’aube, à puiser l’eau, allumer le feu, préparer la pâte de mil, chercher le bois de plus en plus difficile à trouver, à lessiver, pliée comme une liane sur les bassines généreusement remplies… mais elle était fière d’enfiler son uniforme à l’heure de midi et de rejoindre sa classe. Et elle s’y était vite distinguée.

Loin des mariages précoces, des arrangements familiaux, de la concupiscence des hommes et de l’obsession des vieilles à maintenir à tout prix des traditions mortifères pour asseoir le seul pouvoir qu’elles auraient jamais, Rahila s’était engouffrée avec passion dans l’amour des mots. Elle avait opté pour des études de journalisme à Niamey où elle obtiendrait inchallah son diplôme à la fin de l’année. Elle ambitionnait de compléter sa formation en emploi, avec une spécialisation en journalisme numérique. Autant de projets où mariage et enfants n’avaient aucune place.

A chaque retour au village, éviter les affrontements avec sa mère était plus malaisé. Comme ses comparses, elle avait vécu plus de la moitié de sa vie loin de la concession familiale. Mais, contrairement à elles, elle n’avait pas quitté le giron maternel pour entrer chez une belle-mère. Au fil des ans, ce qui avait passé d’abord pour l’espièglerie d’une gamine mutine s’était mué en opprobre. Elle ne le savait que trop: Autant sa mère avait été fière d’avoir une enfant qui réussissait à l’école, autant, à l’approche des vingt-quatre ans de sa cadette, elle était aigrie qu’elle soit brillante pour rien. En colère des refus qu’elle avait opposés à ses prétendants. Amère de voir année après année les filles de ses co-épouses richement nanties en biens et en petits-enfants.

Tannée pourtant par la stérilité de leurs rencontres, Rahila avait redouté ces interminables journées d’épousailles sans aucun espace pour un tête-à-tête. Heureusement, trop vieille à présent pour intéresser les hommes du cru, elle avait pu se tenir en retrait, retrouvant sa posture de boyesse et les gestes ancestraux qui, occupant ses mains, vidaient son esprit. Transparente aux autres, elle s’était même surprise à se délecter en catimini : pour la première fois, elle avait capturé, avec le téléphone portable performant qu’elle venait d’acquérir, les visages de ceux que la croyance n’autorisait à saluer qu’en détournant les yeux.

Le déroulement protocolaire et les conversations strictement codifiées de la foule invitée aux noces avaient fait le reste, jetant un voile sur les tensions larvées entre elles, en dépit des regards commiséreux des invitées. Tout était fini. La fatigue avait peu à peu eu raison des immémoriales salutations de départ. Les dernières bénédictions criées par ceux qui s’éloignaient avaient été dissoutes par la chaleur écrasante de la fin d’après-midi.

Rahila frissonna. Etrangère à sa terre natale, il lui tardait de repartir. Enfin.

Dans quelques heures à peine.

Avant l’aube.

Le disque solaire, dénudé de ses rayons, s’était niché contre la dune qui barrait l’horizon, avant de laisser l’ocre rouge d’un crépuscule trop bref s’écouler sur la steppe et s’évanouir déjà dans le bleu de minuit.

Sa mère s’était accroupie en silence à ses côtés sur la tabarka, dont les motifs indigo et aubergine se fondaient en confidence dans la nuit en devenir. « Tu entends? » souffla-t-elle. L’heure n’était pas aux reproches. Marier son fils lui avait coûté.

« Ecoute !» Elle faisait allusion aux coups sourds qui, timidement d’abord, puis de plus en plus hardis, semblaient se jeter à l’assaut de l’astre agonisant pour le contraindre à rentrer plus vite sous terre. Les circonvolutions de mélopées entremêlées saturaient l’air de vibrations pénétrantes.

« Tu te souviens ? » Rahila hocha lentement de la tête. Chaque soir, les femmes se retrouvaient aux abords des villages. En cercle autour du mortier collectif en bois, elles lançaient tour à tour leur pilon sur le grain. Percussions verticales soigneusement orchestrées. Réponses, de villages en villages, jusqu’à ce que, étoile après étoile, tous les astres du firmament aient assouvi leur soif de connivence sous couvert de la nuit.

En vérité, le sens profond de cet échange échappait à la jeune femme. Seule restait l’empreinte nostalgique d’un essentiel. « Ecoute… les femmes… leur journée… leurs soucis…. leurs larmes… leurs hommes… leurs rires… ». Sacre du chant du pilon dans le déclin vespéral.

Une esquisse de sourire complice unit les deux femmes. Elles se levèrent de concert pour entrer dans la maison en briques de boue afin d’échapper aux chauves-souris et à la fraicheur qui s’emparaient de la nuit.

Sans mot dire, Rahila tira son smartphone de la manche de son pagne. De l’index, elle feuilleta les écrans jusqu’à trouver ce qu’elle cherchait, cliqua et tendit l’appareil à sa mère.

A l’image, une femme. Une tunique à manches longues, en trapèze, couvrait jusqu’aux genoux une jupe droite. L’ensemble, fleur de souffre, d’une texture matelassée, soulignait sa silhouette altière, qui se découpait sur la cour intérieure de la concession et le jeu des ombres autour de la cuisine extérieure. Elle avait enturbanné son visage d’un magnifique foulard orange tangerine sur lequel elle avait posé un immense voile vert sinople, entrecroisé sur sa gorge, bordé de fleurs d’hibiscus rouge-orangé au feuillage vert bouteille, qui lui couvrait le buste et cascadait jusqu’à ses hanches. Dans un élan de coquetterie, elle avait fait passer un coin de son voile dans le coussin torche vert bouteille lui aussi, qui ne quittait jamais la tête des femmes, en cas qu’il eût fallu porter des charges. Et cette fantaisie lui donnait un panache singulier. Entre ses mains élégantes reposait un fagot de longues tiges ivoire et elle riait à l’objectif à pleines dents.

– Comme elle est belle ! souffla la mère.

– N’est-ce pas? murmura Rahila.

Leurs regards étaient fixés sur cette femme éblouissante qui projetait un halo de lumière dans la pièce silencieuse.

– C’est qui ?

Sidérée, Rahila se tourna vivement vers sa mère, toujours fascinée par l’écran.

– Tu ne sais pas ?

– Non… mais… ces poules… cet acacia… ce muret… ce chaudron…

Avec lenteur, elle scrutait l’arrière-plan, les objets qui lui semblaient si familiers, et s’arrêta à l’usure sur la pierre devant le foyer.

Toutes deux chuchotaient à nouveau.

– Et elle ? Vraiment tu ne sais pas ?

Surprise par l’insistance de sa fille, elle prit le temps d’appréhender l’inconnue, en gravant de ses mains, dans les airs, avec minutie, chaque courbure, chaque noeud, chaque nuance de sa silhouette.

– Elle est vêtue comme l’une des nôtres…

Elle faisait allusion aux membres des trente-six comités villageois de l’association de femmes dont elle faisait partie depuis près de vingt ans. De plus en plus nombreuses, elles avaient choisi, voilà quelque temps, de se faire confectionner, pour chaque Fête des Femmes, une nouvelle tenue, identique pour toutes, en signe de reconnaissance. Et si certaines les portaient comme un uniforme au quotidien, d’autres les gardaient pour les grandes occasions.

Elle interrogeait toujours la reproduction avec la même attention.

Et finit par conclure :

– Non… non… je ne la connais pas…

Brusquement Rahila réalisa que sa mère ne s’était jamais vue, qu’elle ne savait pas à quoi elle ressemblait. Avant d’arriver à la ville, elle-même n’avait jamais vu de miroir. Absence de représentation largement compensée depuis par les selfies.

Elle glissa délicatement :

– C’est toi Inna karama…

Elle eut envie de prendre sa « petite maman chérie » dans ses bras. Mais par-dessus tout, elle voulait ne rien briser. Alors elle ne bougea pas.

– Moi ?

– Oui c’est toi…

– Moi ? Adamah ?

– Oui toi !

– Mais je suis belle ! Comment mon mari a pu prendre des co-épouses alors que je suis si belle ? »

Elle s’était levée avec fougue. Sa voix frappait les murs. Et l’écran projeta son ombre élancée et ondulante sur le voilage blanc qui habillait la pièce. Ses pieds furent possédés par quelques pas de danse. Puis elle s’arrêta net.

– Je veux la voir. Montre-moi sa figure.

Rahila écarta avec lenteur et tendresse ses doigts sur l’écran, comme dans une caresse pour cette femme qui parlait d’elle-même à la troisième personne. Le visage de sa mère lui était si familier qu’elle ne le voyait plus vraiment. Mais là, elle fut stupéfiée par les scarifications soudain si ostensibles qui le balafraient. Au point de ne pas remarquer que sa mère s’était rassise, à une certaine distance, sur l’une des chaises métalliques, seules capables de résister aux termites.

Adamah éleva ses mains en coupe devant ses yeux avant de chercher de la pulpe de ses doigts les sillons gravés depuis son front jusqu’à la commissure de ses lèvres. A mesure qu’ils progressaient sur sa face parcheminée, le crissement de la lame la regagna, de plus en plus aigu. Auquel se superposèrent les hurlements d’une enfant. Arrivée au menton, elle refit le chemin à l’envers. De la bouche aux pommettes, des pommettes aux tempes, des tempes à la naissance des cheveux, elle remonta, en les feuilletant à rebours, un à un les jours de sa vie jusqu’à celui où les incantations des vieilles qui l’immobilisaient et la tiédeur du sang coulant jusque dans sa bouche avait emporté dans son sillage son rêve d’enfance. Elle avait grandi à l’ombre des baobabs, nourrie par les récits des griots qui, venant du Mali jusque dans le Tillabéri, passaient dans son village natal. Ils avaient enflammé son imagination. Elle se voyait, montée sur sa chamelle blanche, aller à Tombouctou et découvrir les manuscrits sacrés. Elle y croyait. Et allait jusqu’à se cacher derrière le mur de la madrassa pour s’essayer à lire.

Mais qu’aurait-elle pu contre la morsure de la lame ? Dorénavant il suffirait aux autres de la dévisager pour déchiffrer dans ses arabesques d’où elle venait, qui elle était, et vers quoi elle se devait d’aller. Implacable, la précision des marques lui interdisait dès lors tout vagabondage. Effacées les pistes à travers les dunes, gommée la Bibliothèque ancestrale et ses récits merveilleux, radiée la destinée extraordinaire dans laquelle elle s’était projetée.

Incision après incision, le rasoir avait imprimé dans sa chair généalogie, histoire et avenir. Tempête après tempête, les sables avaient englouti les manuscrits si précieux et les entailles si ordinaires dans le même profond oubli.

Jusqu’à cet instant.

Conjonction des sens propice au dévoilement fécondant entre femmes.

Ses doigts, effleurant les cicatrices, avaient ânonné, jusqu’à lui faire retrouver la soif des visions dessinées sur les nuages par les conteurs du temps passé.

Elle se releva, virevolta.

Stoppa brusquement devant Rahila.

Lui saisit les mains.

L’arracha au fauteuil dans lequel elle s’était enfoncée.

Et l’entraina dans une danse effrénée vers un grand éclat de rire :

– C’est toi qui a raison, Rahila ! Apprends, voyage, raconte, ne t’arrête pas, va ! Et reviens ! Apprends-moi à lire. Et nous irons à Tombouctou !

Session d’été 2025

Fenêtres bibliques: Dieu et le féminin sacrifié

Du 30 juillet au 2 août 2025,
une session au prix tout doux

Détails ci-dessous

Participation limitée à 20 personnes pour les participant-es avec hébergement.
Limite d’inscription par courriel: 30 juin 2025

Dans un cadre magnifique, une ancienne bergerie dans les Cévennes, à Villeméjane en Cévennes.

Dans ce parcours accessible à toutes et tous, sans prérequis, nous explorerons un texte biblique unique à travers des approches riches et variées. Le thème de cette année, Dieu et le féminin sacrifié, nous emmènera en quête de sens au coeur d’une histoire bouleversante du livre des Juges, “La Fille de Jephté”.

Entre relations familiales et esprit de sacrifice, nous explorerons notre rapport, individuel et collectif, au masculin, au féminin, au divin, entre contes, mythes et Bible. avec la participation de la conteuse Léa Souccar-Lecourvoisier

Le lieu

La session se tient à Villeméjane, propriété de la paroisse protestante de Valleraugue-ArdaillersTaleyrac, dans le Gard, au pied du mont Aigoual, et gérée par l’association Les amis de Villeméjane. «Un lieu où se consolide une parole de vie ancrée dans la tradition biblique et l’attention lucide aux événements auxquels notre monde contemporain est confronté» explique le pasteur Jean-Pierre Rive, l’un des porteurs du projet

Vos 2 animatrices, Véronique Isenmann bibliste & écrivain et Léa Souccar-Lecourvoisier conteuse & enseignante sont conscientes que le thème n’a pas la légèreté d’un roman d’été, mais faites-leur confiance, elles ont plus d’un tour dans leur sac! Et elles savent ensemble casser la coque des mots de l’Ecriture pour la rendre infiniment goûteuse et nourrissante.

Léa Souccar-Lecourvoisier
Véronique Isenmann

Comment

5 ateliers suivis d’un cercle de parole inviteront à explorer le thème sous plusieurs facettes

  • Atelier chromophanie1
  • Atelier mythes et traditions
  • Atelier musique
  • Atelier exploration biblique
  • Atelier Compte et raconte1

1La chromophanie est une approche d’art visuel développée par Véronique Isenmann. L’atelier Compte et raconte est un atelier pour apprendre à raconter les histoires de la Bible.

Dans notre odyssée commune, vous aurez toujours le choix d’aborder ou non certains des ateliers ou de prolonger l’un des ateliers pour approfondir votre aventure personnelle.

Chaque matin un moment de spiritualité chantée, dansée, méditée, et dans la journée du temps pour papoter, se promener, se reposer. Et aussi la promesse de rires partagés! 

Accessibilité

  • Il n’y a pas d’infrastructure prévue pour accueillir des enfants.
  • Notre lieu d’accueil à Villeméjane en Cévennes présente certaines limitations en terme d’accessibilité. En raison des nombreux escaliers et de la situation accidentée, il n’est malheureusement pas adapté pour les personnes à mobilité réduite. Nous nous excusons pour cette contrainte et vous informons que notre session d’automne sera organisée dans un lieu accessible aux personnes à mobilité réduite.
  • Les personnes atteintes d’allergies alimentaires même aiguës sont bienvenues. Mais merci de nous signaler vos besoins par avance !

Transport

  • L’arrivée est possible le 29 juillet dès 16h ou le 30 avant midi.
  • Départ le 2 août à partir de midi.
  • Vous pouvez arriver en voiture. Nous recommandons si possible le covoiturage.
  • Pour les personnes qui arrivent en train, il vous faut arriver à Nîmes Centre d’où vous pouvez prendre un bus pour Pont d’Hérault où nous viendrons vous chercher en voiture. Prix: environ 2€ pour le bus.
  • Si nécessaire nous pouvons organiser un transport groupé de et vers Nimes en voiture, pour un maximum de 6 personnes. Prix: 10€/personne et trajet.
  • La session finissant à midi, ne prévoyez pas de train de retour trop tôt dans l’après-midi! Vous pourrez préparer des en-cas pour votre trajet si vous ne prenez plus le repas de midi sur place.

Informations détaillées sur le prix

  • Le prix de 200 € ou CHF inclut l’hébergement et les repas
  • Participations sans hébergement (repas inclus) : 140€
  • Pour les familles : rabais sur demande en fonction du nombre de personnes
  • La totalité de la session est à payer au 30 juin au plus tard.
  • A réception de votre inscription, nous vous enverrons les coordonnées bancaires pour faire votre virement.
  • Dès sa réception nous vous ferons parvenir votre inscription définitive.
  • La participation est ouverte en non-résidence aux paroissiens protestants ou catholiques de la Vallée. L’inscription et le règlement se font auprès de la présidente de la paroisse protestante, Sophie Pic

Le Chemin d’Art Sacré 2025

Consultez ou imprimez ici la brochure de l’exposition

i vous avez prévu un voyage en Alsace entre juin et octobre 2025, ne manquez pas les étapes du Chemin d’Art Sacré 2025 à la rencontre d’oeuvres contemporaines dans quelques-unes des plus belles églises d’Alsace. Vous trouverez toutes les informations sur le site du diocèse de Strasbourg pour le parcours 2025, mais aussi l’historique et les étapes de ce parcours coups de coeur. Le thème de cette année est d’une grande actualité:

Naître et renaître

Depuis de nombreuses années, Véronique Isenmann, écrivain, tisse un dialogue intime entre les oeuvres d’artistes et artisan-es contemporain-es et le texte biblique.

L’artiste peintre Sophie Bassot et le céramiste Philippe Sutter l’ont invitée à déployer avec eux les sens du thème 2025 « Naître et renaître », à le conjuguer avec un lieu d’étape sublime, l’église Saints-Pierre-et-Paul à Rosheim, joyau de l’art roman en Alsace.

Toile de Sophie Bassot et Médicis de Philippe Sutter
De la Source au Calice Toile de Sophie Bassot & céramique Médicis de Philippe Sutter

Audacieuse conjugaison entre leurs oeuvres résolument lumineuses au coeur d’un monde sombre et la relecture des visions folles d’espérance du prophète Ezéchiel.

Les 3 artistes seront présents au vernissage le 5 juin prochain, une occasion unique de les rencontrer

Des imperdables pour partager les cultures religieuses

Imperdable ou épingle à nourrice en Suisse, dans un poirier en fleurs
Imperdable dans un poirier en fleur – Crédit Photo #cactusse64

Nous avons conçu un ensemble d’Imperdables, des jeux de cartes pédagogiques pour outiller les enseignants et animateurs en culture religieuse ainsi que toute personne chargée de transmettre des connaissances de cultures religieuses.

L’expérience Imperdables conjugue les talents de bibliste et de formatrice d’adultes de Véronique Isenmann aux talents d’enseignante et de conteuse de Léa Souccar-Lecouvoisier.

Partant du constat que les connaissances en matière de cultures religieuses ne vont plus de soi, que par ailleurs les enseignant-es en culture religieuse peinent à accéder rapidement à une information fiable, agréable à utiliser, laïque et inclusive, elles ont développé le projet Imperdables et proposent une formule qui répond tout à fait à ce besoin.

En phase de test, le premier set d’Imperdables est destiné aux enseignants de culture religieuse chrétienne et centré sur les évangiles. Après la phase de test, plusieurs sets d’Imperdables au format bridge 58 x 89 mm seront disponibles autour d’autres grands thèmes et figures des 3 religions abrahamiques

N’hésitez pas à nous contacter si vous êtes intéressé-e.

Le Guanacaste au Costa Rica

Une région qu’il m’a été donné de découvrir grâce à Samuel Isenmann, qui a travaillé avec des femmes essentiellement migrantes nicaraguayennes, vivant dans une grande démunission matérielle et psychologique. Il était impliqué dans un projet d’empoderamiento, de changement communautaire de la vie des femmes et m’a invité à faire une supervision de son travail.

C’était l’occasion de renouer avec une spécialiste en pédagogie de la transformation, Anne Robert, avec qui nous avions fait connaissance à Goma! L’une de ces rencontres improbables à l’Université Libre des Pays des Grands Lacs qui a scellé une collaboration fructueuse. De nos tissages sont nés des projets communs directement inspirés des désirs et des compétences des personnes avec qui nous avons travaillé au Niger et au Congo: transmission intergénérationnelle des savoirs  autour de la terre et des semences, banques alimentaires.

colores-de-identidad

Ces regards croisés nous ont permis de vérifier que les approches que nous avons développé précédemment se fécondent mutuellement entre les 2 continents. L’énergie et la pratique latino-américaine de l’empowerment conjuguée à la mémoire et la capacité de transformation des héritages africaines renforcent nos démarches. Les liens qui se sont tissés peu à peu et pour un temps dans un véritable échange et une « contamination » mutuelle des désirs, des savoirs et des compétences entre l’Afrique et l’Amérique centrale ont été source de joie et d’étonnement émerveillé.

Les collègues d’Amérique latine sont héritiers d’une longue et forte tradition d’éducation populaire et de pratiques innovantes, dont les approches développées par Paulo Freire ou le Théâtre de l’Opprimé d’Augusto Boal, Elles ont largement contribué à renforcer mes pratiques et démarches pédagogiques.

Le Costa Rica a accueilli aussi des volontaires suisses dans le cadre de projets d’études ou de vie. Ils ont pu vivre et penser les diversités et droits culturels avec une équipe compétente et un cadre familial exceptionnel dans la maison d’accueil d’Ana-Laura.

L’Est du Congo vit avec les groupes armés, les temps de guerre, les exactions des groupes rebelles depuis plus de 20 ans.

Dans un univers d’une violence ordinaire et quotidienne, le corps des femmes est devenu un charnier sans nom. Et les hommes, les pères de famille, les fils, ont été mis à genoux et bâillonnés dans le silence de leur impuissance à protéger les leurs.

Et tisser des liens de confiance et de respect
Tisser des liens de confiance et de respect – Photo Chloé Lambert pour l’ong Epiceries

C’est au Nord-Kivu, dans ce contexte de violence extrême, que depuis 2011 l’asbl SVP m’a demandé de développer une pédagogie  de la résilience. Une approche basée sur la prise en charge communautaire des traumas, et un développement d’agir qui permet de dépasser les tensions entre les groupes ethniques, les luttes féroces pour le partage de la terre; et de travailler ensemble à restaurer le corps social.Nous avons fait  jour après jour l’expérience que l’éducation populaire ancrée dans les droits culturels en tant que Droits de l’humain,  définis dans la Déclaration de Fribourg et par l’Unesco, transforme radicalement le désespoir, la haine et l’impuissance et permet de poser les jalons d’une démocratie de personnes responsables, debout, engagées ensemble, chacune à leur niveau, et dans une réciprocité effective, pour le bien commun et pour la paix.

La région de l’Arewa au Niger

La région de l’Arewa au Niger

Les responsables de la Sofema en plein apprentissage de l'éditeur d'équation
Mettre les nouvelles technologies au service des Paroles de femmes.

Les femmes de Femmes et Solidarité de l’Arewa, SOFEMA, sont à la source de toute la pédagogie populaire sur l’empowerment communautaire, le développement du pouvoir d’agir ensemble. Des projets communautaires forts ont changé la vie des femmes et des villages tels les projets de solidarité économique, les banques céréalières, le projet charrettes, le projet Rues propres, l’accompagnement des filles-mères.

La structure en étoile, avec un comité central à Dogondoutchi, et des comités villageois autonomes, la responsabilité collective du remboursement des micro-crédits, la liberté de décision au niveau local,  a grandement favorisé et largement contribué à une meilleure vie ensemble et à l’apprentissage d’une démocratie forte, au sens d’une prise de parole et de décision responsable et engagée au niveau local. Plus de respect de la part des hommes envers les femmes, une plus grande confiance des femmes en leurs capacités, un travail collaboratif entre les femmes et les hommes de bonne volonté. Après 20 ans, les membres de la SOFEMA étaient actives dans 35 villages et un village de femmes migrantes et touchaient 250’000 personnes.

Après 2017 la situation dans la région a beaucoup changé. Boko Haram a semé la terreur, les hommes ont pris peur pour leurs femmes, leurs familles, l’accompagnement des comités villageois est devenu quasi impossible et le travail de 20 ans est profondément perturbé. Mais l’esprit SOFEMA inspire encore nombre de mes accompagnements.

Laniakea, Lumière du Galetas

Laniakea, Lumière du Galetas

Un conte en scène pour les 20 ans d’une association

L’association urumuri a souhaité pour ses 20 ans relire son histoire, les défis qu’elle a relevé, les chances, les joies. Elle a voulu faire la mémoire du passé, en tirer les apprentissages, pour imaginer une mémoire de l’avenir qui dessine les contours des prochaines années.

Un groupe de travail très motivé s’est mis en route. Un spectacle participatif en est né qui a vu le jour en novembre 2023. Il raconte la naissance du Galetas, le lieu du Big Bang d’urumuri, et son évolution à travers le prisme de Laniakea, le nom d’un amas de galaxies,

Le Galetas est au centre de l’univers urumuri. Urumuri signifie lumière. Cette lumière vient du Galetas pour éclairer urumuri, et en même temps le Galetas reçoit sa lumière de Laniakea. Mais le Galetas ne peut pas se suffire en soi, d’autant plus que le galetas physique a disparu. IL ne peut pas se nourrir de sa propre lumière. Ni auto-générer le rayonnement de urumuri. 

Il lui faut un cette dimension que d’aucuns appelleront spiritualité, foi et…. qui à la fois permet de ne jamais perdre de vue ce qui est essentiel, ce qui permet la fécondation du présent et qui donne la force du parcours de résilience, pour soi et pour les autres, quand rien en va plus.

Pour les navigateurs hawaïens, ce quelque chose qui leur permettait de ne pas sombrer, de garder le cap, de poursuivre leur quête, c’était cet horizon céleste infini, ce paradis incommensurable: Laniakea. Laniakea est le nom qu’a donné par une astrophysicienne française, Hélène Courtois. C’est un amas de galaxies très lointain, un endroit avec plusieurs galaxies proches les unes des autres. Laniakea.

« Après le système solaire, il y a notre galaxie, la Voie Lactée, incluse dans un Groupe Local, lui-même compris dans un ensemble d’environ 1 milliers d’autres galaxies, le superamas de la Vierge, qui est lui-même inclus, depuis sa découverte par notre invitée (Hélène Courtois) en 2014, dans un superamas encore plus vaste, nommé Laniakea. « Cette découverte lui a valu d’être classée dans la liste des 50 personnalités les plus influentes de France. »

Par analogie, les fondateurs du Galetas et de urumuri pensent que d’être conscients que quelque chose de plus grand, un bout d’univers insaisissable, mais bien présent dans un coin de notre univers, un quelque chose qui nous dépasse mais dont nous faisons partie, est fondamental et fondateur pour l’association et permet de ne jamais baisser les bras, de « garder les yeux levés au ciel ». Même quand le galetas physique disparaît. Le Galetas n’est pas mort et ne peut pas mourir, tant qu’il est « relié à son Laniakea »

Le conte en scène a bénéficié de magnifiques images NASA/ESA qui nous été transmises par l’astronaute suisse Claude Nicollier qui précisait que toutes les images de l’espace appartiennent à l’humanité et sont libres de droits. Ces images ont été emportées par l’envoûtante musique Hora Lautareasca de l’album Voyage au bout des notes d’Alexandre Cellier et Jean Duperrex. De nombreux artistes, dont ont apporté leur soutien et leur coeur à cette création destinée à rendre visible et audible la vision du fondateur du Galetas et porteur de son esprit, Gilbert Bigirindavyi. Création visuelle: Simon Mocong. Ecriture finale et mise en scène: Véronique Isenmann et Maryse Grari, écrivains.

Dans le courant de l’été 2025 vous pourrez voir des extraits du spectacle filmés par Miguel Béchet, Social Movies Production et accéder à la liste complète des artistes qui ont illuminé cette création comblée de résilience.

Cercles de parole

Les cercles de parole font partie des approches de base de la démarche Paindesel en accompagnement communautaire

Les personnes se tiennent en un cercle fermé, dans un espace qui constitue une bulle de protection, un espace de confidentialité. Le-la « sage » qui guide le cercle entame le tour de parole avec une question, apportée par le groupe ou donnée par les circonstances, le contexte, par rapport à laquelle les participants vont s’exprimer, s’ils le souhaitent, à tour de rôle en JE.  Le bâton de parole qui passe de main en main laisse la personne libre de parler ou de se taire, de peser ses mots à l’aulne du poids du bâton. Le bâton rend visible que nul-le ne peut en être privé-e. C’est le premier pas vers la reconnaissance de chaque personne, de son identité culturelle et de ses droits. C’est un pas essentiel dans l’apprentissage de la démocratie.

Durée de la formation aux cercles de parole: 80 heures de formation. La formation comprend une partie théorique et une pratique des cercles de parole ainsi qu’une supervision de la pratique.

La formation est répartie en 4 modules distincts de 20 heures chacun. Tarif: 500.- CHF/Euros/USD par module. Chaque module est prérequis pour accéder au module suivant sauf accord préalable.
Tarif pour la formation complète: 1800.- CHF/Euros/USD
Les formations sont payables avant les sessions de formation.

 

Témoignage au Nord-Kivu, RDC

Toute notre vie dans le camp est complètement difficile, je suis venu à Masisi,  il y a des années, et je ne savais pas à qui confier mes problèmes. Grâce aux cercles de parole,  je retrouve la confiance en moi.  Je me sens totalement libéré et ça me permet d’être en confiance avec les autres. Simama* est très important pour moi car c’est simple et c’est moins difficile pour pratiquer. Nous étions malade, mais alors très malades,  on ne devrait se résigner que dans son coin.

Grâce à Simama,  j’ai repris ma joie d’antan, j’ai la confiance en moi et j’ai presque tout oublié, même si c’est difficile d’en oublier.  J’aime rentrer chez moi, j’ai repris la force,  j’ai repris l’espoir, et si je peux encore rire, c’est grâce à Simama.  Je vous exhorte d’aller chercher aussi les gens dans les villages car il y a tant de personnes qui en souffrent tellement.

Simama est le nom utilisé au Congo pour le protocole de détraumatisation qui inclut des exercices de tapotement et des cercles de parole

 

TTT: Une belle rencontre

Rencontre avec Gunilla Hamne

Ce matin à Goma belle rencontre entre notre co-président Denis Awazi Makopa et Gunilla Hamne, conceptrice de la Trauma Tapping Technique TTT, l’un des éléments importants du projet Simama, développé par Véronique Isenmann avec l’asbl SVP, Goma.

En effet Simama commence par une pratique d’exercices psychocorporels, dont la technique du tapotement contre les traumas est un élément central. Avec Simama, le tapotement associé aux sons qui entrent en résonance avec la souffrance intérieure permet de mettre les maux en mots dans les cercles de parole.

Ils se sont retrouvé au Bureau pour le Volontariat au service de l’Enfance et de la Santé, très belle asbl qui s’occupe de la réinsertion des enfants soldats dans les Kivu. Merci Gunilla pour toute l’inspiration et les belles rencontres avec nous.

Vous trouverez plus d’information sur le travail de Gunilla sur son site . Vous pouvez aussi découvrir le tapotement grâce à une animation qui permet de découvrir Step-by-Step de quoi il s’agit.