Les intermédiateurs et intermédiatrices culturel-les, c’est à dire des personnes qui interagissent au quotidien, là où ils-elles vivent, pour la dignité des personnes, la restauration et le développement du corps social et la paix, à partir des cultures et des diversités culturelles en présence.
Babamama
L’histoire d’un succès
mis en image par l’artiste congolais Patrick Kaluta Kalpone.
Cette femme est l’une des premières des 50 Babamama, intermédiateurs culturels, retournés dans leur village après des années passées dans un camp de personnes déplacées internes près de Goma.
Sur place, ils sont responsables de Simama et créent en brousse des antennes d’apaisement et d’intermédiation culturelle pour venir en aide aux villageois et aux autorités dans la gestion des traumas et dans la résolution de problèmes fonciers.
Simama c’est une approche fondée sur les cercles de parole, sur une pratique psycho-corporelle et sur un réseau autogéré solidaire qui permet la création de micro-activités génératrices de revenus communautaires.
Merci à Patrick Kaluta Kalpone pour sa mise en images du travail magnifique de ce réseau.
Ce soir, on ira chanter…
Venez chanter avec nous! C’est la fête, avec les autorités et les Babamama à Bino, RDC, Nord-Kivu, Territoire de Masisi. Mais aussi dans nos cœurs! Premiers retours réussis des personnes déplacées du camp de Mugunga. Et surtout premiers ambassadeurs de notre programme installés officiellement dans les villages.
Nyumbani m’a baba yangu munamakao…
Dans la maison de mon père, il y a plusieurs demeures …
C’est avec ces mots que le chef du village de Bino, dans la localité de Mashaki, Groupement de Buabo, Territoire de Masisi, a salué l’installation de nos Babamama à Bino (Evangile de Jean 14,2).
Les Babamama sont des personnes qui ont fui leur village il y au moins 4 ans mais certains il y a plus de 10 ans, devant la violence de groupes rebelles. Elles qui ont vécu dans des camps de personnes déplacées internes près de Goma, ont suivi volontairement notre formation Simama dans le camp et grâce à Simama, elles sont aujourd’hui retournées dans leur village après une longue absence.
Quand elles reviennent, elles ne retrouvent pas forcément leurs terres. Et il faut tout l’apprentissage que nous avons fait ensemble pour leur donner le courage de revenir le coeur en paix. Et encore plus pour devenir à leur tour animateurs Simama dans le village.
Les chefs de groupement et de localité ont chaleureusement accueilli notre équipe de formateurs venus de Goma pour installer officiellement les Babamama en tant qu’animateurs d’un point focal et les autorités locales ont dès à présent sollicité l’aide des Babamama et des formateurs pour faciliter la médiation foncière avec notre projet Omaweh.
Comme fondatrice et coordinatrice de notre ong, je suis particulièrement émue par ces premières témoignages de ces premiers retours volontaires et engagés. Merci à toute l’équipe qui travaille d’arrache-pied pour que la restauration du corps social devienne réalité.
Bien arrivés au km 40!
Partis ce matin de Goma, nos formateurs sont en route pour le Territoire de Masisi, où ils ont retrouver les Babamama rentrés voici une semaine. Ils sont bien arrivés au km 40, malgré le fait que l’état de la route soit « indésirable ».
Nous serons vos relais là où nous allons …
Grâce à Goyabaya, j’ai pu me relever, je sais maintenant que faire dans la vie si on est au bout. Présentement, je sais qu’il y a des gens qui savent redonner de l’espoir de vivre. Au début de cette activité j’avais l’intention d’abandonner, je prenais comme un temps perdu tous ces exercices sur la détraumatisation et je n’y croyais pas et je ne pensais pas que l’on puisse jamais guérir de ses plaies intérieures, suite de ce que l’on a vu, entendu ou senti. Mais grâce à vous je suis en forme, alors très en forme, merci merci du travail abattu. Nous serons vos relais là où nous allons et ne tardez pas de venir nous rendre visite. aksanti, aksanti sana.
Babamama Jeanette Uzamukunda, 47 ans, retournée de Ntamugenga, épouse de Placide, 8 enfants, Rutshuru
Sur 75 Babamama intermédiateurs culturels, 50 ont choisi de retourner dans leurs milieux parce qu’ils se sentent prêts, pour certains après de nombreuses années passées dans le camp de Mugunga III. Magnifique impact de notre projet d résilience Simama et de son prolongement, le projet d’empowerment GoyaBaya.
Ils ont choisi d’être les ambassadeurs de nos projets là où ils seront. Les 10 premiers sont partis avec leurs familles. Ils seront rejoints par notre équipe Epiceries-SVP dans les prochains jours pour être présentés aux autorités civiles, coutumières et religieuses et pour les accompagner dans leurs premiers pas de retour. Les prochains groupes s’apprêtent à leur tous.
Ils sont partis par camion au petit jour avec l’association des camionneurs et sont arrivés sains et saufs.
Il est homme, pygmée, et il a dit oui
Les cercles de parole, transmis par les Nations premières au Nord du Québec, sont le fondement de notre démarche. Le bâton de parole qui passe de main en main et laisse la personne libre de parler ou de se taire, de peser ses mots à l’aulne du poids du bâton, rend visible que nul-le ne peut en être privé-e. C’est le premier pas vers la démocratie.
Jean-Paul est mtwa, c’est à dire homme de la forêt, pygmée. Après 1 mois de formation à Simama dans le camp de Mugunga III, il nous dit: « Il y a un mois, je ne savais même pas qu’un pygmée pouvait prendre la parole devant un bantu (ndlr: humain, représentant de tous les groupes non pygmés). Il y a une semaine je ne savais même pas qu’un jour j’aurais envie de prendre la parole devant un bantu. Et aujourd’hui, non seulement j’ai le désir de prendre la parole devant un bantu, non seulement j’ose la demander, mais en plus je trouve normal qu’on me la donne. Il faut absolument que tous les batwa (ndlr: pygmées) apprennent cette bonne nouvelle. »
Depuis, Jean-Paul fait partie des 76 Babamama du camp de Mugunga III, et il s’investit avec ses collègues dans les projets de résilience et d’empowerment dans le camp et dans le groupement de Mudja, territoire de Nyiragongo
Elles trouvent le courage de rentrer
A l’heure où la Province du Nord-Kivu compte plus de 830’000 personnes déplacées, 2 de nos Babamama ont eu le courage et l’envie de rentrer chez elles après des années passées dans un camp.
Pourquoi partir maintenant? Comme Babamama, elles ont appris les exercices de détraumatisation, elles savent gérer des cercles de parole et mener à bien une activité communautaire pour la cohésion sociale et l’acquisition de revenus.
Et elles ont souligné que enfin elles se sentaient armées pour repartir chez elle et si possible créer une antenne Simama dans leur lieu de retour. Merci les amies et à tout à l’heure!!!
… et elle s’engage à fond!
Notre couturière Immaculée s’est revêtue d’une veste Epiceries: « Si vous voulez qu’on nous respecte dans le camp, il faut qu’on fabrique tous ensemble des uniformes pour qu’on nous reconnaisse et qu’on nous écoute »
Ohlala, quelle idée géniale, travailler ensemble « les gens de dedans et les gens de dehors », wouaw! Alors hop, on va chercher comment acheter les tissus et les fils pour que notre atelier puisse tourner à fond à fabriquer 76 vestes. Belle énergie!
Elle a choisi de dire oui
« Vivre dans les camps n’est pas une vie, c’est un enfer permanent, surtout pour nous les femmes. Il y a 2 ans je voulais en finir. Si j’ai la force de tenir la pédale de la machine c’est par la grâce de votre travail. Alors je veux travailler avec vous dans le camp où je vis, bénévolement, pour aider d’autres femmes à se relever. »
Elle fait partie des 38 femmes babamama qui sont en formation actuellement dans les camps. Elle apprend à transmettre Simama, notre rituel de travail des traumas et de développement du pouvoir d’agir, à l’aide de tapotements et de cercles de parole. Merci à elle de prendre le relais et de nous apporter toute sa connaissance de la vie des camps, et ses compétences en matière de résilience et d’empowerment.
Merci parce que sans son courage, et celui des 75 autres personnes qui s’engagent, nous ne pourrions pas faire ce travail.