Les épiceries sont d’abord des lieux de commerce. Les premiers commerçants étaient de grands voyageurs, de grands visionnaires, des fondateurs de cités nouvelles. Commercer c’était alors avoir le goût de l’aventure et de la découverte. C’est la capacité à acquérir plus de bien par l’échange et la négociation.
Au Moyen-Age, les épiceries vendaient des épices, ces ingrédients d’ici et d’ailleurs qui donnent à la nourriture le meilleur de sa saveur, procurent du bien-être et préservent la santé.
Avec le temps les épiceries sont devenues de petits commerces de proximité qui vendent des denrées alimentaires mais aussi toutes sortes de produits de base du quotidien. On y trouve de tout, de l’ici et de l’ailleurs. Lieux de rencontre, d’échanges, de partages. Avec le développement de l’industrie agroalimentaire, les produits préemballés ont peu à peu remplacé les produits en vrac et les épiceries sont devenues des lieux de libre-service. Au départ petits commerces indépendants, elles se sont regroupées dès le XIXe siècle en coopératives ou espaces franchisés et ont été peu à peu supplantées par les grandes surfaces.
Des lieux de résistance et d’altérité
Les épiceries sont aujourd’hui des lieux de résistance et d’altérité
- Présentes dans les lieux de vie, au contraire des grandes surfaces souvent établies en banlieue, elles symbolisent la proximité et le maintien d’une vie sociale qui ne soit pas périphérique
- Tenues souvent par des étrangers, elles symbolisent le lieu où garder ou retrouver ses racines, les odeurs de son enfance, les langues qui nous ont bercées. Elles sont le lieu où retrouver quelque chose de son identité culturelle ou au contraire un lieu de rencontre et de voyage pour celles et ceux qui ont le goût de l’ailleurs, de l’autre, de la diversité culturelle
- Ouvertes souvent en dehors des heures officielles des grandes surfaces, elles font office de dépanneur (c’est d’ailleurs leur nom au Québec). Dépanner, aider à sortir de l’embarras, quelquefois même réparer. Vocation à l’attention et à l’aide à celle, celui qui vit près de moi
Tenir et développer une épicerie face aux acteurs de la grande distribution requiert de grandes compétences, tant sur le plan de la gestion que du commerce, de l’administration, des relations publiques. Les épiceries favorisent le développement du pouvoir d’agir et la prise de responsabilité. - Véritables réseaux sociaux, elles peuvent jouer un rôle de premier plan dans la société civile.
- Et cette structure en réseau avec de petits unités permet d’envisager des modèles alternatifs éco-responsables et équitables et de construire un modèle de coopération capable de résilience, y compris sur le plan économique.