Session d’été 2025

Fenêtres bibliques: Dieu et le féminin sacrifié

Du 30 juillet au 2 août 2025,
une session au prix tout doux

Détails ci-dessous

Participation limitée à 20 personnes pour les participant-es avec hébergement.
Limite d’inscription par courriel: 30 juin 2025

Dans un cadre magnifique, une ancienne bergerie dans les Cévennes, à Villeméjane en Cévennes.

Dans ce parcours accessible à toutes et tous, sans prérequis, nous explorerons un texte biblique unique à travers des approches riches et variées. Le thème de cette année, Dieu et le féminin sacrifié, nous emmènera en quête de sens au coeur d’une histoire bouleversante du livre des Juges, “La Fille de Jephté”.

Entre relations familiales et esprit de sacrifice, nous explorerons notre rapport, individuel et collectif, au masculin, au féminin, au divin, entre contes, mythes et Bible. avec la participation de la conteuse Léa Souccar-Lecourvoisier

Le lieu

La session se tient à Villeméjane, propriété de la paroisse protestante de Valleraugue-ArdaillersTaleyrac, dans le Gard, au pied du mont Aigoual, et gérée par l’association Les amis de Villeméjane. «Un lieu où se consolide une parole de vie ancrée dans la tradition biblique et l’attention lucide aux événements auxquels notre monde contemporain est confronté» explique le pasteur Jean-Pierre Rive, l’un des porteurs du projet

Vos 2 animatrices, Véronique Isenmann bibliste & écrivain et Léa Souccar-Lecourvoisier conteuse & enseignante sont conscientes que le thème n’a pas la légèreté d’un roman d’été, mais faites-leur confiance, elles ont plus d’un tour dans leur sac! Et elles savent ensemble casser la coque des mots de l’Ecriture pour la rendre infiniment goûteuse et nourrissante.

Léa Souccar-Lecourvoisier
Véronique Isenmann

Comment

5 ateliers suivis d’un cercle de parole inviteront à explorer le thème sous plusieurs facettes

  • Atelier chromophanie1
  • Atelier mythes et traditions
  • Atelier musique
  • Atelier exploration biblique
  • Atelier Compte et raconte1

1La chromophanie est une approche d’art visuel développée par Véronique Isenmann. L’atelier Compte et raconte est un atelier pour apprendre à raconter les histoires de la Bible.

Dans notre odyssée commune, vous aurez toujours le choix d’aborder ou non certains des ateliers ou de prolonger l’un des ateliers pour approfondir votre aventure personnelle.

Chaque matin un moment de spiritualité chantée, dansée, méditée, et dans la journée du temps pour papoter, se promener, se reposer. Et aussi la promesse de rires partagés! 

Accessibilité

  • Il n’y a pas d’infrastructure prévue pour accueillir des enfants.
  • Notre lieu d’accueil à Villeméjane en Cévennes présente certaines limitations en terme d’accessibilité. En raison des nombreux escaliers et de la situation accidentée, il n’est malheureusement pas adapté pour les personnes à mobilité réduite. Nous nous excusons pour cette contrainte et vous informons que notre session d’automne sera organisée dans un lieu accessible aux personnes à mobilité réduite.
  • Les personnes atteintes d’allergies alimentaires même aiguës sont bienvenues. Mais merci de nous signaler vos besoins par avance !

Transport

  • L’arrivée est possible le 29 juillet dès 16h ou le 30 avant midi.
  • Départ le 2 août à partir de midi.
  • Vous pouvez arriver en voiture. Nous recommandons si possible le covoiturage.
  • Pour les personnes qui arrivent en train, il vous faut arriver à Nîmes Centre d’où vous pouvez prendre un bus pour Pont d’Hérault où nous viendrons vous chercher en voiture. Prix: environ 2€ pour le bus.
  • Si nécessaire nous pouvons organiser un transport groupé de et vers Nimes en voiture, pour un maximum de 6 personnes. Prix: 10€/personne et trajet.
  • La session finissant à midi, ne prévoyez pas de train de retour trop tôt dans l’après-midi! Vous pourrez préparer des en-cas pour votre trajet si vous ne prenez plus le repas de midi sur place.

Informations détaillées sur le prix

  • Le prix de 200 € ou CHF inclut l’hébergement et les repas
  • Participations sans hébergement (repas inclus) : 140€
  • Pour les familles : rabais sur demande en fonction du nombre de personnes
  • La totalité de la session est à payer au 30 juin au plus tard.
  • A réception de votre inscription, nous vous enverrons les coordonnées bancaires pour faire votre virement.
  • Dès sa réception nous vous ferons parvenir votre inscription définitive.
  • La participation est ouverte en non-résidence aux paroissiens protestants ou catholiques de la Vallée. L’inscription et le règlement se font auprès de la présidente de la paroisse protestante, Sophie Pic

Le prix de ma peau

© Texte: Véronique Isenmann – Illustration Valeria Martini, 2017

C’était un matin comme tous les matins. A 5h l’appel du muezzin avait rempli l’air de son invocation vibrante suivi de près par les cloches des ursulines avant que n’éclatent les martèlements des forgerons.
Elle s’était levée comme toujours dans l’aube naissante, juste avant l’appel à la prière.

Illustration Valeria Martini - Texte Véronique Isenmann

Avait préparé le thé et le café pour les veilleurs de ses nuits, était sortie dans l’aurore rougeoyante, dans ce moment unique où le reflet de la lave sur les nuages au dessus du volcan se fondait dans le soleil naissant.
Elle avait enfilé son pagne deux-pièces, ajusté à la taille, celui qui lui venait de ses filles du Niger, et dont les tons de beiges et de bruns l’enveloppaient de leur douceur. Un foulard noir brillant lui couvrait les cheveux. Un collier de pacotilles offert par sa mère émettait un tintement rassurant à chacun de sa pas.

Pompidou lui ouvrit le portail à 6h00 tapantes, au moment même où l’harmonium de l’Eglise du Christ au Congo entonnait “C’est un rempart que notre Dieu” et où les chants hurlés au microphone de l’une des 1000 églises de Réveil brisaient la paix. Guerre des cultes et des adorations…
Elle marchait de cette démarche chaloupante si propre aux femmes d’Afrique, qui font d’une simple marche, une danse vers l’éternité. Ses boda boda vertes foulaient l’Avenue Mont Goma, avec son terreplein central, ses herbes folles et sa terre battue, qui constrastaient avec la noirceur de la lave des autres boulevards, ses lourds portails bleus ou rouges barricadant l’accès aux enclos et ses fleurs au parfum ennivrants débordant des murailles.
Mais ce matin elle avançait comme absente à elle-même dans le quartier des Volcans, en direction du rond-point Instigo, pour chercher le bus 17 places qui la mènerait à l’Université Libre des Pays des Grands Lacs où l’attendaient une quinzaine d’étudiant-es de vingt à cinquante ans.
Elle aimait tant d’habitude cette heure matinale, les odeurs encore vierges de putréfaction et de mauvais pétrole. Mais ce matin son coeur était si lourd et son dos ployé sous le poids des absences, des chagrins et de l’impossibilité de comprendre quoi que ce soit à ce coin du monde.

Tout à coup une nuée de gamins dépenaillés surgis de nulle part l’entourent et son cœur s’emballe. Des Maïbobos, ces gamins des rues prêts à tout à ces heures? Tout à coup elle aperçoit celle qui semble être la mère d’une partie des enfant. Alors, aux cris des enfants: “Money, money”, aux mains tendues dont certaines l’agrippent, la peur cède le pas à la colère.
Une colère inouïe et un chagrin si puissant qu’il balaie toutes les prudences. Elle apostrophe la mère: “Tu oses me demander de l’argent sans même me dire bonjour? Tu oses apprendre à tes enfants de me demander de l’argent sans leur apprendre à me saluer, moi qui suis une vieille? Tu leur permets de m’apostropher avec un “mzungu” (la blanche) qui n’a rien de respectueux et tu ne leur apprends pas à me dire : « Bonjour la vieille »? Que sais-tu de moi? Tu ne sais même pas mon nom, tu ne sais pas que mes enfants me manquent tellement que j’ai le cœur déchiré. Tu ne sais pas que j’ai laissé une bonne vie pour être ici à tes côtés et me battre avec toi pour la paix. Tu ne sais pas que ici je n’ai rien, pas d’amis, pas de soeur, personne à qui me confier, et même plus assez d’argent pour acheter de quoi manger demain. Tu ne vois que ma peau et tu lâches tes enfants sur moi pour éveiller ma pitié. Va-t-en, laisse-moi, j’en ai assez, c’est vrai tu ne m’as pas demandée d’être là. Je m’en vais, c’est terminé.”

Illustration Valeria Martini - Texte Véronique Isenmann

Son visage est inondé de larmes et son corps secoué de sanglots. Interloqués les enfants se taisent et la mère les prend contre elle, elle aussi muette devant cette coulée de mots qu’elle ne connaît pas mais dont confusément elle saisit le sens.
La vieille se détourne, incapable d’en dire plus, brisée par la violence de cette terre qui ne reconnait personne. Elle s’en va dans ses boda-boda vertes, qui font d’elle une professeur qui ne respecte pas les hiérarchies, les codes sociaux. Des savates de motards, qui la rangent au rang des plus petits parmi les petits. Elle s’en va, l’échine voutée, blessée dans son désir d’être acceptée.
… Le jour avance comme tous les jours, car ici chaque jour est semblable au précédent, et au suivant. Et c’est le matin à nouveau. Et encore le muezzin lance son appel puis les cloches des ursulines et l’aiguisage des forgerons et le raffut des crieurs de foi. Et la marche vers le bus où elle paie 3 fois plus cher parce que sa peau est blanche, et les cours où les femmes s’endorment, à force de corvée et d’absence d’avenir, et le chemin du retour dans la suffocation du trafic et l’Avenue du Mont-Goma et sa douceur. Elle a troqué son pagne du Niger contre un pagne d’ici, ses boda boda vertes contre les roses, laissé ses cheveux au vent malgré la poussière aveuglante.

L’enclos n’est plus qu’à quelques pas, quand elle entend leurs cris.
Encore! Les enfants sont là, encore.
Ils la suivent, la poursuivent, lui courent après: Muzungu, muzungu!
Combative, elle se retourne d’un bloc: “Je vous l’ai dit, je n’ai rien, je ne veux plus vous voir.”

Alors un petit la prend d’une main et de l’autre lui tend un billet déchiré et si sale qu’il est difficile d’en voir le montant. Et il dit: “Tiens muzungu, c’est de maman, pour toi, pour que tu puisses t’acheter du mkate (du pain)” et il éclate d’un rire heureux et lui glisse le billet dans sa main libre. “Maman dit: tu dois manger.” Et la nuée d’enfants fuit dans un battement joyeux, sans attendre son reste.
Elle ouvre la main et voici, un billet de 50 FC, juste de quoi acheter son mkate. Les larmes coulent à nouveau sur son visage, tandis qu’une lumière infinie se lève dans ses yeux et qu’une ébauche de sourire transforme son visage.

Enfin!

Enfin, après trois longues années, elle a été adoptée.